Quelle différence entre un produit artisanal et un produit fait-main ?
Alors que l’Insee* enregistre de moins en moins d’entreprises artisanales depuis 2014, les Français·e·s se déclarent de plus en plus enclins à consommer des produits locaux*, artisanaux ou faits-main. Bonne nouvelle pour une consommation qui valorise le savoir-faire en France. Mais c’est sans compter les pratiques trompeuses, élaborées par une industrie qui reprend les codes de l’artisanat pour mieux vous garder dans ses filets.
Quelles sont ces pratiques et pourquoi est-ce un problème ? Pour mieux comprendre et faire des choix de consommation éclairés, focus sur les différences entre produit artisanal et produit fait main.
Qu’est-ce qu’un produit artisanal ?
Un produit artisanal, dans l’imaginaire collectif, ce sont des valeurs traditionnelles, des matériaux nobles, des ingrédients de qualité, une personne qui travaille à la main… Oui, mais pas seulement !
C’est l’heure de sortir le dictionnaire pour y voir plus clair. Selon le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), le domaine artisanal, est “relatif, propre à l’artisan et à l’artisanat".
Nous voilà bien avancés !
Qu'est-ce qu'un·e artisan·e ?
Allons plutôt regarder du côté de la définition d'artisan·e pour y voir plus clair : “personne exerçant, pour son propre compte, un art mécanique ou un métier manuel qui exige une certaine qualification professionnelle”.
Pour faire plus simple :
- un·e artisan·e peut avoir recours à une machine qui nécessite une technique
- un produit artisanal peut aussi être manuel
- un·e artisan·e utilise son savoir pour son propre compte
- la qualification professionnelle est une condition importante, que l’activité soit manuelle ou non
Selon cette définition de l'artisan·e, la maîtrise d’une pratique manuelle ou d’une machine à un degré professionnel va opposer l'artisanat à la fabrication industrielle.
On associe souvent l’artisanat à des métiers traditionnels. Toutefois, ce domaine est plutôt vaste. Un artisan·e peut aussi bien être cuisinier·e bijoutier·ère, que maçon·ne ou couturier·ère. Ce qui les relient ? Chaque métier de l'artisanat nécessite l'apprentissage d'une technique et d'un savoir-faire particulier.
Définir la notion de savoir-faire
Si on s’intéresse un peu plus à la définition du savoir-faire (promis, je range mon dictionnaire après) voici ce qui ressort :
“Pratique aisée d'un art, d'une discipline, d'une profession, d'une activité suivie, habileté manuelle et/ou intellectuelle acquise par l'expérience, par l'apprentissage, dans un domaine déterminé.”
Si on recoupe nos deux définitions, on peut dire qu’un·e artisan·e possède automatiquement un savoir-faire, tandis que quelqu’un qui possède un savoir-faire n’est pas forcément un·e artisan·e.
Par exemple, on peut s’investir dans l’apprentissage de la sculpture sans devenir sculpteur ·ice ou apprendre la maçonnerie sans but professionnel, simplement par pure passion.
Comme la condition pour être artisan·e est de maîtriser un savoir-faire et d’en faire son activité, si celle-ci n’est pas issue d’un savoir-faire, alors on ne peut pas dire qu’elle est artisanale.
Chez Meanwhile Boutique, des créateur·ices ont décidé de faire de l'artisanat, leur métier. C'est le cas par exemple de la marque de bijoux libanais Nounzein ou encore, la marque d'illustrations engagées Ici Jozi.
Boucles d'oreilles trempées dans l'or "Beyrouth" de Nounzein - 95 €Illustration engagée en papier recyclé "The Giant Woman" d'Ici Jozi - à partir de 12 €
Vous pouvez d'ailleurs les retrouver dans notre collection dédiée aux produits issus de savoir-faire français et internationaux.
Et le fait-main alors, c’est quoi ?
Les définitions de l'artisanat et du fait-main sont étroitement liées. En fait, la fabrication à la main peut être artisanale. Mais pas toujours ! C’est une notion très large : on peut disposer d’un savoir-faire ou non, on peut être artisan·e ou non.
Par exemple : j’ai enfilé des perles pour faire un bracelet, ça ne fait pas de moi un·e artisan·e alors que j’ai tout fait à la main.
On se doute bien que la production à la main n’est pas non plus comme faire de la pâte à modeler : on peut apprendre pendant des heures avant d’acquérir la maîtrise de certaines pratiques, même lorsqu’il s’agit d’un loisir.
Côté commerce, vous pouvez aussi voir plusieurs expressions dérivées du fait-main :
- Entièrement fait à la main : Ici on contrôle toute la fabrication de A à Z. Par exemple, si je tisse du chanvre que j’ai moi-même cultivé·e et récolté·e à la main, on pourra dire que ce tissu est entièrement fait main.
- Transformé à la main : cela veut dire qu’un objet est ou a été transformé à la main vers quelque chose de nouveau. C’est le cas de l’upcycling par exemple et de la revalorisation d’objets de manière générale.
- Assemblé à la main : est le fait de prendre différents composants et de les associer pour créer quelque chose de nouveau. On peut penser ici à une personne qui crée des bijoux et qui va assembler les perles, choisir le fil et imaginer la pièce finale.
Par exemple, ces 2 articles sont faits main :
Chouchous upcyclés de Bayadji - 8 €
Livre à dérouler "Scrollino Amazing Summer" de Scrollino - 14,80 €
Les chouchous sont cousus à la main par Bayadji et le livre ludique à dérouler Scrollino est quant à lui assemblé à la main.
Gare aux pratiques trompeuses
Le craftwashing : définition et explications
Maintenant que vous connaissez les 50 nuances artisanales, vous allez pouvoir débusquer les entourloupes qui visent à vous faire acheter toujours plus (et si possible des produits industriels).
Si on compare une vieille dame qui fait des confitures dans son chaudron avec une immense usine bruyante qui fait cuire des fruits dans des cuves géantes : il y a tout de même une grande différence.
Un fossé entre le consommateur et l’achat, pour les industriels.
Avec le craftwashing, tout est réglé : on s’approprie les codes de l’artisanat et du fait-main pour camoufler l’aspect industriel des produits et promouvoir de l’authenticité à des fins purement marketing.
Au même titre que le greenwashing, qui cible l’écologie, le but est de leurrer les consommateur·rice·s à coup de slogan, de packaging ou de concept qui n’ont d’artisanal que l’apparence.
Toutefois, le craftwashing à tendance à se démocratiser de manière plutôt trompeuse dans notre quotidien :
Qui n’a jamais acheté du pain dans une grande surface ? Une bière d’abbaye en pensant que ce sont toujours les moines qui la fabriquent à la main ? Qui n’a jamais craqué pour un frappé ou une pâtisserie au McCafé ou encore une confiture aux allures de grand-mère ?
Cette technique de marketing a pour but de séduire et de faire croire qu'il existe un savoir-faire là où il n'y en a pas, de l'authenticité là où une logique industrielle s'applique...
Mais cela ne s’arrête pas là.
Le problème du craftwashing
Bien sûr, le craftwashing n’est pas sans conséquences. Il masque aux consommateur·ices la réalité du système industriel de production et le fonctionnement des grandes surfaces.
Vous avez sans doute remarqué ces dernières années que les supermarchés changent d’apparence pour de la déco qui met en avant le bois et les matières naturelles. Comme par exemple des paniers pour mettre des fruits et légumes, des vendeur·euses en tabliers ou encore des rayons de vin qui prennent l'apparence d'un caviste.
La praticité, l’authenticité et la proximité, cachent en réalité des conséquences que l’on n’imagine pas forcément lorsque l’on va faire ses courses :
- perte des petits commerces et entreprises indépendantes qui se voient avalées par les grosses enseignes
- pression sur les petit·es· producteur·ice·s pour se mettre à produire en quantité industrielle et satisfaire les besoins des supermarchés et autres grosses marques
- pratiques industrielles cachées sous le couvert de l’artisanat alors que les compositions et ingrédients sont les mêmes et le prix souvent plus cher
- perte des vrais savoir-faire et de l’artisanat
- perte du dynamisme des villes car la consommation est avalée par les grandes enseignes qui, de plus en plus, ouvrent des petits magasins
Croire que ce sont les gigantesques centres commerciaux en périphérie de ville, qui ramènent le plus d’emploi est une idée reçue : selon la confédération des commerçants, c’est 72% des emplois du commerce qui dépend des commerces indépendants.
Bien sûr, les grandes surfaces ont leurs avantages, sinon elles n’auraient jamais vu le jour. Il est tout de même appréciable de trouver une grande diversité de produits au même endroit et à des prix plutôt accessibles.
Comment lutter contre le craftwashing
Pour y arriver, déconstruire ce qu’on entend à tort et à travers, en définissant les termes courants, est déjà une première étape.
Cela ne concerne d’ailleurs pas que le craftwashing : si l’on dénature les mots de leur sens, il devient facile de se tromper.
Vous avez savez désormais pourquoi j’ai sorti mon dictionnaire au début de cet article !
Faites également le point en vous demandant de quelle manière vous voulez consommer.
Est-ce que vous voulez favoriser le local ? Vous préférez les produits Bio pour l'alimentation ? Vous voulez des objets d’artisans uniquement ou vous appréciez aussi les marques engagées ?
Se recentrer sur soi et sur ses valeurs vous aidera à enclencher une démarche et à trouver des alternatives petit à petit.
Trouver des alternativesLorsqu’il s’agit d’alimentation, si vous avez les moyens de vous déplacer, vous pouvez privilégier l’achat en vente directe, chez le·a producteur·ice. Soit sur son exploitation, soit au marché. Vous serez alors assuré·e de la provenance de vos achats, voire même de la manière dont ils sont produits.
Sinon, il existe des réseaux de vente de produits bio comme La Ruche qui dit Oui, en physique ou encore La Fourche, en ligne, qui sélectionnent pour vous et vous informent sur leurs engagements.
Côté création d’objets et petites marques engagées, de plus en plus de boutiques physiques de créateur·ice·s et artisan·e·s voient le jour afin de mutualiser les frais et la gestion.
Certain·e·s ouvrent même leur atelier au public pour réaliser des ventes directes et partir à la rencontre des consommateur·ice·s . Beaucoup communiquent également sur internet avec authenticité et l'envie de partager.
Il suffit de renseigner autour de soi ou de se balader dans sa région pour découvrir ses personnes pleines de talent. Quoi de mieux qu’une promenade qui vous amène à de jolies découvertes ?
Enfin, peu importe où vous achetez vos produits, n’hésitez pas à vérifier ce que prétend la marque ou le créateur·ice, si elle fait preuve de transparence.
Dans l’artisanat, il existe des labels qui sont regroupés sur le site de la chambre des métiers.
Au-delà des labels, c’est aussi l’échange et la rencontre qui peut permettre d’apprécier le savoir-faire de la personne à qui on s’adresse
La démarche de Meanwhile Boutique
Définition, échange, transparence…
Partir à la rencontre des artisan·e·s engagé·e·s c’est ce que l’on fait sur Meanwhile Boutique.
Notre but ? Proposer le meilleur des marques éco-responsables.
Pour cela, notre démarche, nos 17 valeurs et nos engagements sont définis dans notre charte éco-responsable, pilier de toutes nos actions.
Mais parce que les valeurs sont juste des mots, nous vous proposons de mieux connaître les créateur·ice·s grâce à des portraits, des interviews vidéos et des photos qui montrent leur façon de travailler.
Bien sûr, les labels et certifications ont aussi leur place sur Meanwhile Boutique. Mais c'est avant tout l'humain, la création et le savoir-faire que nous souhaitons partager.
Le changement n’est jamais chose facile, mais les solutions positives existent déjà. Nous les rendons visibles pour qu'il ne vous reste plus qu’à choisir sans sacrifier votre éthiques et vos valeurs.
Découvrez la collection produits faits à la main par les créateurs engagés de Meanwhile Boutique :
Alexandra
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