Les français.e.s et la mode responsable
Lola c’est une grande curieuse qui partage ses découvertes à travers son blog Made in 1998. Questionnant les enjeux de l’industrie textile, elle a interrogé sa communauté pour connaître leur rapport à la mode responsable. Bienvenue dans les placard de vos voisins et peut-être le vôtre.
VOTRE RAPPORT À LA MODE RESPONSABLE
© Social.cut
Etant de plus en plus intéressée par une consommation plus responsable de la mode, j’avais envie de connaître différentes opinions à ce sujet. La mode responsable/ éthique/ éco-responsable (appelez là comme vous le désirez) est un sujet qui fait de plus en plus de bruit. Cependant, parce que l’industrie du textile est gigantesque et peut parfois nous paraitre (trop) lointaine pour nous concerner, on peut facilement passer à côté de ses enjeux qui sont pourtant si important.
J’avais très envie de mieux connaître vos points de vue sur le sujet, de plus en plus relayé, qu’est celui d’une consommation plus responsable de la mode. Après m’être posé la question de comment procéder pour vous demander vos avis, j’ai choisi de vous confectionner un petit questionnaire composé de 6 questions assez simples sur votre rapport à la mode responsable.
Pour rester fidèle à la variété des réponses, j’ai sélectionné les témoignages les plus dissemblables. Bonne lecture à vous !
Quelle place occupe la mode dans ta vie de tous les jours ?
Anonyme : J’aime beaucoup être bien habillée, avec des vêtements pas forcément de grandes marques mais bien coupés et élégants. En tant que femme dans les sciences, je ressens le besoin de combattre le stéréotype de la scientifique qui s’habille mal ( cf Amy dans Big Bang Theory) et je veux être sur mon 31 un peu tout le temps, et changer, innover souvent.
Pierre, 23 ans, étudiant en école d’ingénieur : Une place importante car je considère que la manière dont on s’habille reflète notre personnalité. Je pense qu’elle m’apporte avant tout de la confiance en moi et donc du bien être car en étant à l’aise avec mon style vestimentaire je me sens « bien dans ma peau » donc plus apte à me confronter à mon environnement social.
Léa, musicienne : La mode me permet dans la vie de tous les jours de mettre en valeur mon corps et d’assumer mon caractère. C’est aussi un vaste terrain de jeu, plein d’originalités possibles. Sur scène, ça me permet de me démarquer.
Ghislain, 22 ans, étudiant en droit : La mode occupe une place pas spécialement très grande dans ma vie de tous les jours. Je ne suis pas un passionné de mode. Mais j’aime m’informer et suivre certains créateurs et marques que j’apprécie. Selon moi, s’habiller de la manière que l’on aime offre un boost pour la confiance en soi et c’est aussi un moyen d’afficher sa personnalité et son « univers ».
Mathias, 20 ans, étudiant en école d’ingénieur : C’est un peu une perte de temps en général, et plus un problème de pression sociale qu’autre chose au fond.
Hugo, étudiant en bts : C'est un perte de temps et trop polluant.
Est-ce qu’aujourd’hui tu es intéressé(e) par une consommations plus responsable du vêtement ?
Photo de Zeny Rosalina sur Unsplash
La plupart des participants ont répondu par oui à cette question. Certains d’entre vous semblent être réellement intéressés par le sujet mais n’appliquent pas encore de gestes au quotidien. De mon point de vue, une « simple » prise de conscience est déjà tout à fait honorable même si elle n’est pas encore suivie d’actions concrètes. C’est clairement la première étape vers un changement progressif de nos modes de consommations excessifs.
Anonyme : Oui, je me pose beaucoup de questions sur ma consommation de vêtements. J’ai réussi à réduire le reste (transport en commun, peu de viande…) et ça reste le point le plus difficile. Depuis un an environ quand j’ai dû partir à l’étranger et apprendre à vivre avec peu d’affaires, j’ai commencé à me rendre compte que j’avais trop de choses. Maintenant je n’achète que si je suis sûre de le mettre souvent et que je n’ai rien de similaire.
Quentin, 21 ans, étudiant en école d’ingénieur : Oui car je pense que l’industrie textile est polluante et que chaque industrie doit faire des efforts. Cela passe avant tout par la consommation individuelle qui doit sans doute être réduite.
Léa, musicienne : Oui je m’y intéresse, depuis plus d’un an. Je suis concernée par l’état lamentable de notre planète et essaie de mettre mon grain de sel pour la sauver, notamment avec la mode. Et comme je sais coudre, acheter de la seconde main me permet de pouvoir créer des pièces uniques avec mes petites mains.
Héloïse, 28 ans, étudiante en communication : Oui mais j’ai besoin que cela ne soit pas trop cher.
Marina, 21 ans, designer d’espace et architecte d’intérieur free-lance : Oui et non : oui dans le sens où j’ai une personnalité qui tend à s’engager dans tout ce qui me tiens à cœur, et ma façon de penser évolue chaque jour un peu plus vers un mode de vie plus responsable. J'aime donner une seconde vie à mes vêtements plutôt que de les jeter. Cependant, je ne suis pas une mordue de mode et je continue à consommer des habits « grand public » de la fast fashion, parce qu’ils me plaisent, tout simplement, et qu’ils sont « peu cher » comparés aux habits de « petites marques » faits main en coton bio made in France… même si j’aimerais beaucoup valoriser le travail de nos artisans français et de nos jeunes créateurs etc… je choisis la solution de facilité… même si je ne suis pas fière de moi !
Maxime, 21 ans, étudiant en droit : Intéressé, oui, depuis quelques années où j’ai pris conscience des enjeux écologiques. Mais ma consommation de vêtements n’est pas responsable pour autant. Sûrement par soucis d’accessibilité.
Certains d’entre vous ont répondu « non » à la question. Le plus souvent, ce « non » semble traduire le fait vous aimeriez avoir cette prise de conscience mais que vous ne l’avez pas (encore) eue. Souvent, cette réponse est aussi donnée par des personnes qui ne considère pas la mode comme un élément très important de leur vie quotidienne et qui préfèrent s’engager vers une consommation plus responsable dans d’autres domaines. Ces personnes ne pensent pas avoir à ralentir leur consommation de vêtement qui est déjà très faible.
Pierre, 23 ans, étudiant en école d’ingénieur : Non car je ne considère pas avoir une consommation déraisonnable et qu’il faut savoir se renouveler dans sa garde-robe. Notre style vestimentaire reflète notre personnalité et notre personnalité évolue. Il est ainsi cohérent que notre garde-robe évolue aussi.
Thomas, 21 ans, étudiant en école d’ingénieur : Non c’est un sujet que je n’ai pas vraiment exploré. J’ai vu quelques initiatives mais sans réellement comprendre les enjeux.
Vadim, 21 ans, Communication Officer en alternance : Non, cela n’est pas dans mes habitudes je n’ai pas le réflexe de regarder les détails liés à ce critère lorsque j’achète un vêtement.
Trouves-tu que l’information sur les enjeux de la mode responsable et sur l’industrie du textile en général soit accessible ?
Sur l’accessibilité de l’information :
Pour certains d’entre vous, ce sujet est très peu traité et diffusé dans les médias généralistes. De ce fait, vous ne vous rendez pas vraiment compte de ses enjeux et donc vous n’avez jamais vraiment chercher à vous renseigner sur le sujet.
Pour d’autres, lorsque l’on veut en savoir plus sur les enjeux d’une consommation plus responsable de la mode, la seule solution est de faire les recherches dont on a besoin par soi-même. De nombreuses personnes ont répondu que l’on peut facilement passer à côté du sujet si on n’y fait pas attention car le sujet est peu abordé dans les médias. Ainsi, il en ressort que le manque d’information sur le sujet se fait largement ressentir chez la plupart d’entre vous. Cependant, si on désire vraiment des renseignements, il faut se retrousser les manches et fouiller par soi-même.
Et quel est le meilleur moyen pour trouver de l’information par soi-même en 2020 ? Le web bien entendu. Cependant, un anonyme souligne qu’il faut aussi rester vigilant et avoir un certain esprit critique lorsque l’on fait des recherches sur le sujet car sur Internet, on peut trouver un peu tout mais aussi n’importe quoi.
Où trouves-tu de l'information au sujet de la mode responsable ?
- Grâce aux communications faites par les marques mais je reste attentif au greenwashing (méthode de marketing consistant à communiquer auprès du public en utilisant l’argument écologique. Le but du greenwashing étant de se donner une image éco-responsable, assez éloignée de la réalité).
- Internet regorge d’informations à qui souhaite les trouver et s’y intéresse.
- Sur les réseaux sociaux (beaucoup de comptes engagés, de médias…).
- Les médias généralistes en parlent de plus en plus.
- Sur des médias indépendants/alternatifs qui se développent en parlent de manière récurrente et font beaucoup de sensibilisation à ce sujet.
- En regardant des films/documentaires.
- Grâce aux personnes qui essayent d’influer sur la mode éco-responsable avec leur marque et par des reportages ou même des podcasts.
- Sur des sites internet scientifiques comme celui de l’ADEME (agence de la transition écologique).
Appliques-tu des gestes dans ton quotidien en faveur d’une consommation plus responsable du vêtement ?
- Je donne toutes mes affaires à des centres de collectes ou à des associations.
- J’essaie de moins acheter et de ne pas aller faire des magasins alors que je n’ai pas forcément besoin de quelque chose.
- J’essaie de ne plus acheter mes vêtements dans les grandes enseignes de prêt-à-porter qui pratiquent de la fast fashion.
- J’achète beaucoup moins de pièces qu’avant je privilégie la qualité à la quantité.
- J’arrête au maximum ces sites qui vendent des vêtements clairement Made in China.
- J’aimerais apprendre à coudre pour confectionner mes propres pièces.
- Je consomme peu et quand je consomme, ça n’est quasiment plus que de la seconde main ou des marques éthiques.
- J’essaie d’éviter désormais les t-shirts gratuits et de mauvaise qualité que l’on peut recevoir lors d’évènements.
- Je fais souvent le tri dans mes vêtements et je les donnes à des amis.
Quels sont les gestes qui sont plus compliqués à intégrer dans votre quotidien ?
- Je n’arrive pas forcément à acheter des produits de seconde main.
- Je trouve qu’en France, les friperies restent un peu trop marginales et hippies.
- Je ne pratique pas la revente de vêtements, ni l’échange.
- J’aimerais avoir cette prise de conscience mais je ne l’ai pas vraiment eue pour le moment.
- Pas encore d’achat de marque éthique car trop cher.
- Je ne crois pas aux marques éthiques (pour moi, c’est de la « croissance verte » et c’est impossible).
Chez Meanwhile Boutique, on pense que l'impossible n'existe pas. Chacun à notre échelle pouvons réduire notre impact environnemental. Et c'est que notre collectif de créateurs éco-responsables défend aussi. Découvrez leurs histoires dans Creator Story !
Rédigé de la plume de la talentueuse Lola de Cruz, du blog Made in 1998.
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