Vin bio, biodynamique ou nature : quelles différences ?
Depuis quelques années, les produits bio ont la côte, et les habitudes de consommation changent. Plus qu’un simple signe de bobo-itude, consommer local, de saison, en circuit court et de façon plus eco-responsable devient un véritable engagement. Généralement on s’y retrouve : c’est meilleur pour la planète, mais aussi pour le goût ! Exception notoire peut-être : le vin, dont le choix peut parfois être un vrai-casse-tête.
La scène est devenue courante : une tablée d’amis se retrouvant dans un bar à vin branché, avec pour seul souhait une bonne bouteille de rouge pour accompagner des rillettes, et la surprise : on vous amène un vin rouge qui pétille. « Ah oui mais attention, c’est vin nature ! » vous dira le serveur. Certains apprécient, d’autre roulent les yeux au ciel, et finalement on a du mal à s’y retrouver : quelle est la différence entre vins nature, bio, ou en biodynamie ? Est-ce que tous ces vins se valent, et comment choisir une bouteille qui correspond à ses goûts ?
Premièrement, il est important de souligner qu’un bon vin, c’est avant tout un vin qu’on apprécie : qu’il soit « funky » ou au contraire très boisé et traditionnel, tout est avant tout une question de goûts. Il existe néanmoins certaines distinctions importantes à connaître sur ces trois types de vins, faisons le point ensemble pour mieux comprendre :
Qu’est-ce qu’un vin BIO ?
Photo by Adele Payman
Existant officiellement depuis 2012, l’agriculture biologique est définie par un cahier des charges très précis prenant en compte l’ensemble de la chaîne de production du vin, de la viticulture à la mise en bouteille.
Afin d’obtenir le label Agriculture Biologique (AB) ,identifiant les produits issus d’agriculture biologique comme le décrit le ministère de l’agriculture, le vigneron ne peut utiliser aucun produit chimique tel que des insecticides ou des herbicides dans le traitement de ses vignes, mais a également une liste retreinte d’ajouts pouvant être insérés au moment de la vinification. La conversion en agriculture biologique est longue et fastidieuse et témoigne d’un vrai engagement au delà du simple marketing, puisqu’il faut cultiver en bio ses vignes pendant 3 ans consécutif -au minimum- avant de pouvoir prétendre à cette certification. Rien n’interdit néanmoins dans le vin bio l’acidification (processus visant à augmenter l’acidité d’un vin via l’ajout d’acide tartrique, malique ou lactique), l’ajout de tanins, de copeaux de bois, de levures industrielles ou même de soufre (ou sulfites) en quantité limitée.
Dans un vin bio, la vigne est travaillée dans le respect de la nature et de ses cycles naturels, favorisant des vins particulièrement identitaires de leur terroir.
Qu’est-ce qu’un vin biodynamique ?
Le vin biodynamique va encore plus loin. Né de la pensée du philosophe Rudolph Steiner (1861-1925), la biodynamie, aussi appelé anthroposophie, est une méthode cherchant à créer une parfaite osmose entre le sol et la plante.
Méthode salutaire pour certains, ou complètement loufoque pour d’autres, celle-ci consiste notamment en plusieurs « préparations » qui permettent de renforcer et développer la biodiversité du sol. Ces préparations, à base de plantes ou divers minéraux, sont infusées et macérées dans le sol des propriétés et dynamisées avant d’être dispersées sur la vigne, créant comme une sorte de traitement homéopathique aux divers maux du vignoble.
Utilisant également le calendrier lunaire dans la vinification, la biodynamie respecte les cycles végétatifs de la vigne, pour une approche plus éthique de la viticulture, produisant moins, mais dans le plus pur respect de l’environnement et de la biodiversité.
A la cave, les ajouts sont fortement réduits, avec des doses de soufre plus faibles que pour les vins bio. On y autorise néanmoins le collage (nécessite l'introduction de substances protéiques dans le vin afin d'éliminer les particules en suspension) et la filtration du vin, sans quoi le vin serait trouble et pourrait présenter du dépôt, ainsi que sa chaptalisation (ajout de sucre).
Contrairement au vin bio, il n’existe pas de règlement européen sur la biodynamie, mais deux organismes certifiants importants : Demeter et Biodyvin. Pour obtenir la mention biodynamie, les vins doivent préalablement être en agriculture biologique.
Et le vin nature alors ?
En vérité, il n’existe pas une vraie définition du vin naturel, ou vin nature, car chaque association y va de sa propre recommandation, et il n’existe aucun cahier des charges au niveau européen permettant d’en avoir une vision claire. Il y a en France deux grandes associations, celle des vins S.A.I.N.S (Sans Aucun Intrant Ni Sulfite Ajouté) et l’AVN (Association des Vins Naturels) qui ont chacun leur propre définition de vin nature et qui restent les plus respectées.
Dans les grandes lignes le vin naturel va encore plus loin que le vin biodynamique, en n’autorisant absolument aucun intrant, soufre ajouté ou technique de modification du jus originel, le vin devenant alors le plus respectueux possible de l’environnement. Le vin n’est pas -ou très peu- filtré, d’où un jus parfois trouble. Sans aucun soufre ajouté, le vin peut également être instable et se dégrader différemment d’une bouteille à l’autre !
Malheureusement, le vin nature n’étant -comme mentionné précédemment- pas certifié, n’importe quel vigneron peut se vanter d’avoir du vin « nature » peu importe le traitement appliqué à son vin.
Alors, que choisir ?
Un bon vin est avant tout un vin que l’on apprécie, mais si l’on souhaite avoir une consommation plus responsable, identifier les logos certifiés (via agencebio.org) sur les étiquettes est un bon premier pas ! Et surtout ne pas se fier aux appréciations floues ou aux tentatives de green washing telle que les mentions “Vin Créé dans le Respect de la Nature”, ou “vin issu de processus naturel” qui en fait... ne veulent strictement rien dire.
Quelques vignerons travaillent encore dans le respect de l’agriculture biologique sans être certifiés (notons qu’il y a tout de même un coût à payer pour ces mentions légales), n’hésitez pas à demander conseil à un caviste ou un bon sommelier qui saura vous orienter vers des vignerons respectueux de l’environnement !
[ L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. ]
Rédigé de la plume de Caroline Mercier :
Acheteuse en vins et spiritueux de formation, elle a rapidement été passionnée par les concepts d’agriculture biologique, éco-responsable et les préceptes de la biodynamie. Pigiste, elle contribue à la rédaction d’articles pour Meanwhile, clamant haut et fort les valeurs d’un mode de vie plus éco-responsable à travers des gestes simples et adaptables pour tous.
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